Stranger Things saison 5 : le grand adieu sera-t-il à la hauteur ?

L’attente a pris fin, mais l’apocalypse, elle, ne fait que commencer. La saison 5 de Stranger Things, qui doit signer la conclusion d’un phénomène culturel de huit années, a déposé ses quatre premiers chapitres sur Netflix, inaugurant le début de la fin. Ces épisodes initiaux forment un volume 1 qui sert moins de rampe de lancement que de descente aux enfers, confirmant une direction artistique radicalement plus sombre. Le temps des balades en BMX et des parties de Donjons et Dragons insouciantes est révolu. Les frères Duffer semblent déterminés à ne laisser aucune zone de confort, même pour le spectateur le plus nostalgique.

La critique parle d’un retour aux sources horrifiques

L’un des premiers retours des critiques anglo-saxons et des spectateurs les plus rapides est sans appel : la série a retrouvé ses tripes horrifiques. Oubliez la légèreté des saisons intermédiaires. La saison 5 de Stranger Things s’inspire du Maman, j’ai raté l’avion du genre horrifique, où la survie dépend moins des super-pouvoirs que d’une ingéniosité désespérée. L’atmosphère est étouffante, les couleurs sont saturées de noir et de bleu, et la menace de Vecna n’a jamais été aussi palpable et physique. Ce retour aux sources est une réponse directe aux fans qui réclamaient l’ambiance anxiogène de la saison 1, mais avec les enjeux mondiaux de la saison 4.

Paradoxalement, cette noirceur sert de contrepoint à un humour de situation particulièrement efficace. Les dialogues sont plus ciselés, notamment entre les personnages qui n’avaient jamais eu l’occasion de faire équipe auparavant. Les scénaristes ont eu l’intelligence de créer des nouveaux duos qui renouvellent les dynamiques d’un casting pourtant bien établi. C’est dans cette gestion de l’humain face à l’inhumain que réside la véritable force de ces premiers épisodes, évitant que la série ne devienne une simple succession d’effets spéciaux tape-à-l’œil.

Le lent sacrifice de la temporalité

Si ces quatre premiers épisodes de la suite de Stranger Things sont globalement encensés, ils le sont pour leur qualité, pas pour leur rapidité. Le rythme est délibérément lent, presque cérémoniel. C’est là que l’on perçoit l’intention des créateurs : ils n’ont pas juste écrit une saison, ils ont écrit un événement. Chaque scène est méticuleusement posée pour préparer la déflagration finale. Cela permet de donner du poids aux dilemmes psychologiques des adolescents – désormais des jeunes adultes – qui n’arrivent plus à faire le deuil de leur vie passée. La série prend son temps pour rappeler pourquoi ces personnages sont attachants, avant de les jeter dans la gueule du loup.

Ce luxe de temporalité a un coût, et pas seulement en millions de dollars par épisode. Il repose la question du statut de la série télévisée à l’ère du binge-watching. On sent que chaque minute est travaillée pour marquer le spectateur, pour forger les bases émotionnelles qui rendront le final inoubliable. On passe du divertissement de science-fiction à une véritable étude de l’impact du trauma collectif, un virage narratif ambitieux qui pourrait bien être la clé de son succès critique.

L’agenda du désastre : quand attendre la suite et le grand final ?

Pour ceux qui auront dévoré le volume 1 dès sa sortie, la véritable torture commence maintenant : l’attente du prochain volume. Netflix a choisi de nous faire languir avec une diffusion en trois temps, un modèle qui maximise l’engagement des abonnés mais teste sérieusement notre patience.

Le calendrier diffusion est le suivant : le volume 2 (épisodes 5 à 7) est prévu pour le 26 décembre 2025. Une belle façon de finir les restes de dinde, en somme. L’épisode final, le grand épilogue, arrivera quant à lui le 1er janvier 2026. Commencer la nouvelle année avec le dénouement de la série la plus regardée au monde est un coup marketing brillant, mais qui met une pression colossale sur le scénario : le monde entier aura les yeux rivés sur Hawkins pour le réveillon.

Spéculations : le courage de tuer ou la peur de l’anti-climax ?

Toute cette construction et ce budget pharaonique doivent mener à une conclusion. Et c’est là que l’inquiétude s’installe. Le vrai danger pour ce final n’est pas Vecna, mais l’anti-climax. La série osera-t-elle se séparer de personnages emblématiques ? Les rumeurs et les théories vont bon train, mais la plus forte insiste sur la nécessité d’un sacrifice fondateur. Pour que la faille de l’Upside Down soit scellée de manière définitive, il est probable que le prix à payer soit la vie d’un des membres du noyau dur, peut-être celui qui a créé ce lien, comme Eleven, ou un pilier émotionnel comme Mike ou Dustin.

Le grand défi des frères Duffer est de ne pas succomber à la facilité d’une fin trop heureuse et consensuelle. Après avoir investi tant de temps et d’argent dans la souffrance et l’horreur, le public attend une résolution qui marque. À ce stade, la plus grande surprise ne serait pas une mort, mais une fin où tout le monde s’en sort indemne, ce qui, pour le coup, serait l’acte le plus lâche du genre.